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lundi 30 avril 2012

La souffrance des enfants dans les situations de séparation de leurs parents



La souffrance des enfants dans les situations de séparation de leurs parents 
Quelle réponse la Justice familiale peut elle y apporter  ?
Marc Juston, la Gazette du Palais, janvier 2012


 Introduction :

  La vie familiale des enfants a connu de profondes transformations au cours des dernières décennies. Depuis les années 60, la séparation des couples avec enfants, mariés ou non, n’a cessé de progresser, produisant une diversité des modèles familiaux.

 Force est de constater que l’ immense majorité des séparations et des divorces se déroulent dans de bonnes conditions, les avocats effectuant un travail de conseil efficace pour que le plus grand nombre de situations soit apaisé, et ce dans l’intérêt des couples, mais surtout dans l’intérêt supérieur des enfants.

 Mais il existe encore trop de séparations de couples qui demeurent conflictuelles, les enfants en étant les principales victimes.

 Les acteurs judiciaires savent que souvent une séparation, un divorce constituent un moment difficile, où incompréhension et souffrance laissent place à la colère, aux non dits, au conflit qui se déplacent de façon récurrente de la scène conjugale à la scène parentale.

 L’intensité, l’ampleur, le maintien voire le développement d’un conflit aigu empêchent de dissiper la douleur des divorçants au fil du temps. Le conflit prend toute sa place, entravant un recentrage sur les besoins de chacun, et notamment sur ceux des enfants qui souffrent moins de la séparation de leurs parents que des conditions difficiles dans lesquelles celle ci se déroule ainsi que de ses conséquences destructrices.

 Pour tout enfant, avoir ses parents qui divorcent, même si la séparation se passe bien, constitue une souffrance, et il est nécessaire de le rappeler avec force. Mais, avoir ses parents qui se séparent dans le conflit ajoute de la souffrance à la souffrance, laissant des traces indélébiles dans la vie de l’enfant et le fragilisant.

 Les juges aux affaires familiales et les avocats ont pleinement conscience de l’existence de nombreuses situations d’enfants en danger, victimes des relations conflictuelles de leurs parents. Les enfants signalés en danger, victimes des conflits conjugaux sont de plus en plus nombreux. L’Observatoire de l’action sociale décentralisée (ONED) a démontré, dans un rapport en date du 19 décembre 2006, sur la question de la maltraitance et de l’enfance en danger, que 75 % des signalements sont liés à des séparations et des conflits parentaux.

 L’on parle beaucoup actuellement, à juste titre, des violences conjugales, mais l’on devrait parler aussi des violences, notamment psychologiques dont sont victimes les enfants dans le cadre des séparations et des divorces conflictuels.

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